Près de 4 000 policiers pour assurer la sécurité du pape
Près de 4 000 policiers pour assurer la sécurité du pape
Christophe Cornevin
17/06/2008
À Lourdes, seconde étape après Paris, 200 000 pèlerins seront placés sous haute surveillance.
À trois mois du «jour J», les forces de l'ordre peaufinent l'impressionnant dispositif de sécurité accompagnant la première visite apostolique de Benoît XVI en France. Du 12 au 15 septembre prochain, le Souverain Pontife, se rendra à Paris puis à Lourdes pour y célébrer le 150e anniversaire des Apparitions. Cette visite éclair sera placée sous surveillance maximale. «Sur le plan de la sécurité, la personnalité du Pape est actuellement classée comme très sensible, confiait hier un responsable du renseignement. Il incarne la chrétienté placée sous la menace constante de groupes islamistes qui professent le djihad contre les juifs et ce qu'ils appellent les croisés…» Jour après jour, l'Unité de coordination et de lutte antiterroriste (UCLAT) évalue l'évolution des risques d'attentats contre la personne même du Pape, mais aussi contre sa suite de 35 personnes. Au printemps 2007, al-Qaida avait cité dans plusieurs communiqués le Pape parmi ses cibles potentielles. «Même si nous n'avons encore rien repéré de précis, le contexte international est tendu, concède un commissaire. Nous recoupons tous les renseignements, même les plus loufoques, afin de ne rien laisser passer.»
Dès le 12 septembre, Benoit XVI rejoindra la cathédrale Notre-Dame dans l'une de ses deux papamobiles blindées. Ces mastodontes de 4 tonnes, utilisés depuis la tentative d'assassinat contre Jean-Paul II le 13 mai 1981, arriveront par avions Hercules C-130 une dizaine de jours à l'avance afin que les policiers chargés de la conduire se familiarisent avec leur maniement.
Une garde très rapprochée
Alors que près de 2 000 fonctionnaires en tenue devraient quadriller la capitale, la brigade fluviale sera mobilisée pour surveiller les rives de la Seine et des tireurs d'élite seront postés sur des points hauts. Le lendemain, le quartier des Invalides sera bouclé pour permettre de célébrer l'eucharistie en présence du Saint-Père. Bouteilles en verre, grands drapeaux, banderoles, pancartes ou écriteaux seront proscrits. Sur les parcours et les sites, Benoît XVI sera protégé par une garde très rapprochée de six gardes suisses surentraînés. Leur inspecteur général rencontre aujourd'hui des responsables de la police française pour régler certains détails confidentiels. Outre les unités mobiles appelées en renfort, trente hommes du Service de protection des hautes personnalités (SPHP) et autant de «superpoliciers» du Raid compléteront le dispositif.
Point focal du périple pontifical, Lourdes sera quant à elle le théâtre d'un dispositif exceptionnel : «En août 2004, nous avions mis en place un programme très allégé lors de la venue de Jean-Paul II qui était affaibli par la maladie, rappelle Yannick Gomez, directeur départemental de la sécurité publique des Hautes-Pyrénées. La venue d'un nouveau Pape change la donne. » Outre le Raid et le Groupe d'intervention de la police nationale (GIPN), près de 2 500 hommes de la sécurité publique seront déployés pendant trois jours dans la cité mariale. Environ 72 heures avant l'arrivée du Souverain Pontife, des démineurs auront «décontaminé» le site avant l'arrivée du cortège officiel et des quelque 200 000 pèlerins devant affluer vers cette petite commune peuplée de 18 000 âmes.
Trente kilomètres de barrières
Il s'agit notamment d'éviter tout incident, comme l'attentat à l'explosif qui avait détruit une statue de Ponce-Pilate, quelques jours avant le premier pèlerinage du pape polonais, en 1983. «À la différence de son prédécesseur, Benoit XVI résidera à l'extérieur de l'enceinte de sanctuaires, dans une congrégation située entre la voie ferrée et le stade de rugby», précise le commissaire Gomez. La compagnie motocycliste d'élite des CRS n° 1 en filtrera les accès. Tandis que l'aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées sera placé sous la protection de gendarmes, la brigade équestre patrouillera sur les collines surplombant la cité. Enfin, Lourdes devrait se trouver au cœur d'une bulle virtuelle d'une vingtaine de kilomètres de rayon où radars, avions et missiles empêcheront toute attaque aérienne. Pour contenir la foule des badauds truffée de policiers en civil, plus de trente kilomètres de barrières seront installés le long du parcours. «La ferveur des pèlerins est telle que tous veulent toucher le Pape, explique un policier. Des minipérimètres de 800 à 1 000 personnes seront installés pour éviter les accidents.» Près de 10 000 bénévoles, secouristes et hôtes d'accueil veilleront à garantir l'esprit spirituel de cet événement.